rogre a écrit : ↑sam. sept. 06, 2025 12:35 pm
Bon, très fatigué hier, j'ai visionné… "Conan", le VRAI, celui de 2011 avec Aquaman Drogo !
Eh bien ça ne m'a pas déplu. On peut se monter indulgent pour l'indigence du scénario, les CGI à la qualité très variable, l'indigence du scénario (je l'ai dit?). On peut même apprécier une certaine ambiance cracra, l'interprétation par Momoa - même si ses techniques de combat consistent à foutre des baffes, il aurait fait un bon Conan pour des suites mieux tenues, et débarrassés su pitoyable "tu as tu mon père", etc…- et trouver corrects les dialogues, sobres, assez tongue in cheek mais crédibles ("Conan tout court, ça ne suffit pas?", "Personne ne doit vivre enchainé", etc). Les méchants sont un peu pathétiques dans leurs motivations de secte bancale, la magie est correctement rendue - la sorcière possède deux sorts dont l'un est "detect magic" et basta.
Je trouve presque dommage que ça ait eu une si mauvaise presse. Encore une fois, l'interprête avait ce qu'il faut de charisme relatif et félin pour lancer une série… Il pourrait désormais jouer le "King Conan" depuis longtemps attendu, why not?
Je l'avais vu au cinoche à sa sortie. On aurait pu faire pire, on aurait pu faire largement mieux.
Jason Momoa avait vraiment le physique pour jouer Conan en revanche. Dommage que le film ait fait un four quelque part...
Jack Arnold, c'est un "king" du petit budget rutilant.
C'est carré, solide, et sympa.
Il y a de l'inventivité faute de budget plus conséquent, un fond qui est souvent intéressant ("le météore de la nuit", "l'homme qui rétrécit", "Tarantula") même si on s'y appesantit peu, et il sait bien s'entourer : cadres, décors, éclairages, c'est souvent très bon.
De 1953 à 1960, le meilleur de sa filmo, c'est une demi-douzaine de films qui vont du bon au chef d'oeuvre (ou pas loin).
Outre les 3 cités, et "l'étrange créature", il y a "la souris qui rugissait" (comédie avec Peter Sellers), "Une balle signée X" (western avec Audie Murphy), et pour moi l'un de ses meilleurs films : "Le salaire du diable", un film discrètement engagé (anti-raciste) avec Orson Welles en entrepreneur patriarche.
Il paraît que "Boss Nigger" (1975) est honorable.
Il a fait tourner Clint Eastwood deux fois : un jeune laborantin dans "Le retour de la créature", et le chef "d'escadrille" (guillemets car il n'y a que 2-3 avions) dans "Tarantula". Il faut le savoir, Eastwood a quelque chose comme 2 répliques, et son visage est casqué donc non identifiable !
Je ne serais d'ailleurs pas étonné d'apprendre un jour que c'est Jack Arnold qui a parlé de Clint pour la série "Rawhide" dont il a réalisé plusieurs épisodes.
Bref, au pire, chez Arnold, on tombera sur un film moyen / médiocre ou daté (dans l'air du temps des 50's), jamais sur une bouse infâme.
"Mieux est de ris que de larmes écrire, pour ce que rire est le propre de l'homme" (Rabelais)
Fan de ciné muet et US :
- Lubitsch : "Je fais appel à l'intelligence du spectateur."
- Avatar : "l'homme qui rit" de P. Leni (1928)
Moi, sur Ocqee, j'ai donné sa chance à "The debt Collector", et franchement, c'est plutôt sympa!
On suit un type fauché qui accepte de devenir recouvreur de dette - avec quelques mandales - pour se renflouer vite fait.
Mais il va faire équipe avec un gars désabusé, qui lui rappelle que la moralité n'a pas sa place dans ce milieu.
On voit l'influence qu'ont pu avoir Tarantino et Guy Richie, notamment sur la caractérisation et quelques dialogues bien sentis.
Vu hier L'Étrange Créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon, Jack Arnold, 1954). Vu en 2D (c'était le deuxième film « en relief » comme on disait à l'époque).
Un grand classique, porté par une réalisation impeccable et des trucages simples (le costume revêtu par le plongeur cascadeur Ricou Browning) mais crédibles. Et en effet, l'histoire, pas trop manichéenne, insiste sur le fait que la créature ne fait que défendre son territoire... même si au bout du compte elle est bien décidée à empêcher les intrus de repartir. Je me souviens que la Dernière Séance s'était fendue d'une diffusion du film en relief, les lunettes rouge-vert étant vendues avec le programme TV la semaine précédente.
Sortie n°8, de Genki Kawamura
Un des films les plus minimalistes que j'ai pu voir.
3 couloirs de métro dans lesquels une poignée de personnages sont coincés.
Un principe qui fera penser à la 4e Dimension et à Cube.
Comment sortir de l'enfer du train-train quotidien ?
Sur moi ça a très bien marché.
Sois satisfait des fruit, des fleurs et même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles.
Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul.
Vu Jurassic World : Renaissance. Le scénario du dernier que j'avais vu (j'en étais resté au premier Jurassic World) tenait sur un ticket de cinéma. Le scénario de celui-ci tiendrait probablement sans mal sur une ligne de commande binaire de ticket de cinéma dématérialisé. Il n'y a absolument aucune nouveauté, aucune réflexion, aucune idée intéressante, et même certains dinosaures sont littéralement des recyclages de vieux trucs.
J'ai été frappé, en sortant, de voir à quel point tout le film est pensé comme un circuit d'attraction de parc à thème. J'avais déjà cette impression devant certaines scènes de Pirates des Caraïbes (mais là c'était normal) ou du Hobbit, mais là c'est carrément tout le film.
Alors, qu'est-ce que ça donne ? Pas de miracle : une énième suite qui fait du pastiche de pastiche de repompage de recyclage de bouts des films précédents et de deux-trois trucs piqués dans les deux malheureux romans d'origine de Michael Crichton, qui doit tambouriner des doigts d'agacement par terre dans sa tombe tellement le résultat manque de fond et d'ambition.
L'ironie, c'est que même comme ça, ça reste meilleur que le premier Jurasic World. Certes, la barre n'était pas bien haute, mais je dois dire que je n'en espérais pas tant.
Parce qu'au moins comme ça on s'épargne le discours conservatiste et machiste de Chris Pratt sur la Famille Américaine et le Patriarcat au nom de la Survie (j'ai presque versé une larme : ENFIN Chris Pratt c'est fini, je ne sais pas comment il a fini mais j'espère qu'il s'est bien fait mâchouiller par un gros dinosaure bien dentu tellement son personnage me sortait par les yeux, pour rester poli).
Parce que les dinosaures sont bien mis en valeur la plupart du temps, avec quelques belles images, même si ça reste loin de valoir un bon docu-fiction de la BBC (et toujours aucune plume de dinosaure à l'horizon, il faut vraiment qu'ils arrêtent de les épiler avant de les faire entrer sur le plateau de tournage).
Et parce que le scénario a la sagesse de se concentrer résolument sur ce que les premiers films faisaient bien : des interactions entre humains et dinosaures allant graduellement des "oh !" et et des "ah !" jusqu'aux cris et aux courses-poursuites, avec une île, une jungle, un hélicoptère, des clôtures, et une alternance savamment travaillée entre du sense of wonder, de l'humour et des moments de tension bien flippants. Enfin, je suis plutôt bon public sur ce dernier aspect, car je doute que le résultat révolutionne le cinéma de genre.
C'est donc quelque part entre le niveau de Jurassic Park II et celui du III, avec une galerie de dinosaures et de décors qui s'enchaînent à un rythme soutenu, et des personnages qui croisent une équipe de scientifiques et de mercenaires comme dans le II avec une famille lambda comme dans le III histoire d'être sûr que toute personne regardant le film puisse trouver quelqu'un à qui s'identifier (attendez, ça veut dire qu'il y a aussi des LGBT+ ? Eeeet nope, toujours pas, à moins que j'aie loupé un truc dans le deux JW que je n'ai pas vus). Le casting des premiers films a complètement tiré sa révérence, mais à la place on a tout de même une actrice assez pêchue et convaincante, qui fait heureusement oublier le sexisme crasse du premier Jurassic World et qui me semble promise à une belle carrière si Hollywood lui laisse sa chance, ce que...
— Tybalt... c'est Scarlett Johanson. La liste de ses récompenses sur son article Wikipédia prend l'équivalent de plusieurs pages A4.
— Ah pardon. Et donc on a aussi un paléontologue à lunettes un peu insubstantiel mais tout de même attachant, qui est sûrement là pour faire plaisir aux scientifiques et aux étudiant dans la salle puisque son grand dada est l'open source. Attendez, je cherche qui c'est, ne me dites pas. Ho ! mais c'est Fiyero de Wicked, celui qui danse dans la bibliothèque qui tourne et qui séduit tout le monde ! C'est malin, maintenant j'ai envie d'un cross-over où il danse sur un brachiosaure en marche pour draguer Ellie Sattler et/ou Ian Malcolm. Et donc on a également un sidekick mercenaire de Scarlett sur le même modèle "un peu insubstantiel mais attachant" que l'autre, et un comparse un peu taiseux mais qui parle français. Je remarque que la quantité de français a augmenté depuis le premier Jurassic World : à ce train, on peut espérer un Jurassic World entièrement en français d'ici vingt ou trente films.
Comme c'est du Jurassic World, il faut tout de même composer avec un worldbuilding qui embarrasserait même des MJ de jeux de rôle pulp ("et donc on dirait que les dinosaures ne peuvent survivre que près de l'équateur parce qu'il fait chaud et qu'il y a plus d'oxygène", "et on dirait aussi que les très gros dinosaures ont un sang qui recèle des ressources précieuses pour lutter contre les maladies coronariennes donc c'est pour ça qu'on va vous montrer des gros dinosaures, ce n'est pas du tout parce qu'on veut attirer le public avec des effets spéciaux spectaculaire, hein, faudrait pas croire, c'est scientifique")... mais aussi avec l'idée alakon du film, à savoir des dinosaures mutants hybrides, qui sont non seulement très moches mais ont vraiment l'air de n'avoir rien à faire là, tellement ils semblent sortir tout droit soit d'Alien IV, soit d'un film de kaijus, selon vos références. Au moins le film a le bon goût de ne pas basculer dans le péplum biblique comme Le Monde d'après qui, en guise de dinosaures, avait apparemment cru bon de proposer une invasion de sauterelles... (Non, je ne l'ai pas vu, cet aperçu du synopsis m'a suffi.)
Ce qui me frappe, à l'issue de tout ça, c'est à quel point Escape from Dino Island avait bien su émuler le genre dans ses mécanismes : j'ai vraiment eu l'impression de voir une partie filmée, tant chaque lieu, décor ou trope semblait pouvoir sortir du jeu. Il faudrait faire l'exercice de voir si on peut inventer la même histoire dans tous ses détails avec le système de ce jeu, mais je parierais que oui, et sans grand mal.
TL:DR: à ne voir qu'à petit prix, ou alors jouer plutôt à Escape from Dino Island, ça vous évitera le sentiment de frustration de ne pas trouver les d6 pour agir sur l'histoire pendant votre visionnage.
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".