Kandjar a écrit : ↑jeu. janv. 26, 2023 11:36 pm
Je suis certain que dans le fond on est d'accord.
C'est juste que quand on voit ce genre de choses, c'est difficile d'entendre "on n'a pas de quoi financer toutes les retraites, alors on va faire en sorte qu'il y ait moins de retraités, et c'est la seule solution responsable".
Et aussi que je trouvais que la remarque des 220 milliards qui tiennent un mois était un peu tirée par les cheveux (mais ça n'était de toute façon pas basé sur grand chose de bien sérieux).
Le caractère absurde - et choquant - des montants de fortune évaluée des quelques ultra-milliardaires français (ou autre, d'ailleurs) n'échappe à personne.
Mais ça ne peut pas servir d'excuse pour ne pas faire un réforme structurelle dont le système des retraites à besoin, et à occulter les débats sur les détails de la réforme proposée et sur le véhicule législatif limite utilisé pour la faire passer - qui sont, à mon sens, bien plus importants - et ce, pour plusieurs raisons :
- La première, c'est l'origine de l'augmentation scandaleuse de la valorisation des actifs de nos ultra-milliardaires. Il n'aura échappé à personne que, dans le courant des 10 dernières années, les banques centrales européennes et américaines ont fait marcher la planche à billets dans des proportions inédites, ce qui a permis à l'Etat d'emprunter à des taux négatifs et de financer très largement l'action publique (le taux d'endettement s'est envolé). De la même façon, une proportion non négligeable de la population - celle qui a accès au crédit - a emprunté à des taux négatifs. Cette augmentation exponentielle de la masse monétaire ne s'est (pendant longtemps) pas traduite par son corollaire habituel, à savoir l'inflation, et, après avoir profité à à peu près tout le monde, elle s'est retrouvé entre les mains de ceux qui accumulent, après avoir été dans celles de ceux qui dépensent.
L'augmentation des inégalités qui est frappante, ce n'est pas celle entre l'ultra-milliardaire et le péquin moyen - cette différence a toujours été abyssale et grotesque - c'est celle entre ceux qui ont eu accès au crédit pas cher pour se constituer un patrimoine (classe moyenne supérieure et classe aisée) et les autres.
- La deuxième, c'est que cet argent des ultra-milliardaires - à supposer qu'il soit réalisable entièrement et au même prix dans des conditions qui ne menacent pas la nation (aucune de ces conditions ne me paraît réalisable) - va juste inonder le marché, et entrainer à la fois une inflation considérable et la perte de crédibilité de la monnaie. Cet masse monétaire est, potentiellement, toxique.
- La troisième, c'est que cet apport d'argent important, exogène et ponctuel, même s'il n'entrainait pas les conséquences décrites précédemment, ne suffirait pas à équilibrer à terme le système des retraites. 1 mois à 3.000 balles pour tous les français, 216 € par mois pendant 5 ans pour tous les retraités, ou cinq ans supplémentaires d'équilibre du système (en comptant 700.000 retraités supplémentaires par an et une retraite de 20.000 € bruts par personne et par an), peu importe.
Mon point de vue, c'est que le système de retraite par répartition est quelque chose qui nous appartient, et que nous devrions gérer intelligemment ensemble, pas un truc tombé du ciel et qui nous est donné ou retiré par une puissance supérieure.
Ceux qui ont intérêt à sa pérennisation, c'est nous, collectivement. Le problème, c'est qu'individuellement, on a tous envie d'en tirer le plus possible.
Islayre d'Argolh a écrit : ↑ven. janv. 27, 2023 10:29 am
Ou alors, on nomme les choses par leur nom, on arrête la mascarade et on acte que nous vivons en réalité une néo-féodalité avec un joli papier cadeau et de gros noeuds roses.
Un loi de la jungle manucurée.
Nous vivons très exactement dans une forme moderne de féodalité, avec un joli papier cadeau et de gros nœuds roses.
(Je dirais même que n'importe quel rôliste le sait, au moins instinctivement, depuis sa première partie).