Kandjar a écrit : ↑dim. sept. 29, 2024 2:15 pm
Il me semble qu'il y a une forme de consensus sur un point : la case "Enfance" du graphique de Marianne est drôlement conçue et n'apporte pas grand chose. Elle aura même beaucoup parasité la discussion.
C'est un des malheurs de la société actuelle : l'utilisation constante d'arguments simplistes.
Sur ce,
@Dr Hiatus, ta réponse ne me paraît pas entièrement satisfaisante.
Tu cites en premier lieu les risques (réels) d'agression sexuelle que courent les femmes lorsqu'elles sortent le soir.
Le lien que l'on peut faire entre une notion aux contours flous et ce risque me paraît assez audacieux. Je ne crois pas que la société encourage Michel Fourniret, Guy Georges ou tout autre prédateur de ce genre. Elle a même plutôt tendance à les condamner sévèrement et de façon médiatique.
J'ajoute que les "féministes" d'extrême droite utilisent le même procédé pour incriminer les immigrés pris de façon indistincte.
L'argument que tu illustres ensuite par deux affirmations (dont une est extérieure à la problématique qui nous occupe, mais je vais la traiter quand même) relatives au peu de crédit ou au peu d'attention que l'on porterait à la parole des femmes.
Ma (petite) pratique du judiciaire me laisse penser que cette belle institution, tout comme, semble-t-il, d'autres institutions susceptibles de recevoir du public, sont, comme je l'ai indiqué plus haut, dans une logique de gestion des stocks et des flux.
Prendre une plainte pour vol de portable, ça ne prend pas (trop) de temps - et on sait qu'il n'y aura pas d'enquête, donc pas de ressources dépensées.
Pour tout le reste, c'est un parcours du combattant.
S'il s'agit en plus de quelque chose de grave avec peu ou pas de preuve, comme certaines agressions sexuelles et certains viols, ça devient très compliqué : l'audition doit être complète et précise, il va y avoir des actes d'investigation, probablement une garde-à-vue... et, outre les risques de carences en matière probatoire, la possibilité bien réelle que la victime se rétracte soit à la fin de l'enquête, soit, encore pire, à l'audience.
S'agissant de la gestion de la douleur à l'hôpital, l'une d'entre elle n'est pas accessible, donc je ne la commenterai pas. Ce qui me frappe dans la deuxième, c'est la méthodologie :
On a adressé à des soignants occupant différentes fonctions, et venant de plusieurs endroits différents un questionnaire avec 8 images créées par Midjourney (avec les mêmes paramètres est-il indiqué, exceptés le sexe et la couleur, qui étaient à chaque fois différents), leur demandant de déterminer le niveau de douleur (1 à 10), d'une part, et la priorité de traitement (1 à 5), d'autre part.
Le procédé est, me semble-t-il, peu convaincant, et je ne suis pas certain qu'on puisse en tirer quelque chose de probant, puisque "l'équivalence" entre les images n'est pas démontrable, que le soignant ne se fonde que sur l'image (et est donc privé de ce qui a de plus important, à savoir l'expression exacte des doléances du patient).
S'agissant de la sécurité automobile, le lien entre ce fait me paraît plus lié à des décisions de conception dont on comprends qu'elles sont, d'après ce qui est dit, insuffisantes. Utiliser ce fait, qu'il soit vérifié ou non, comme preuve, me paraît assez audacieux.
Tu évoques aussi les femmes de chambre : c'est un mauvais exemple, parce qu'il ait aisé de trouver des équivalents masculins - vigiles, caristes ou les travaux publics - et d'en conclure que les emplois précaires, mal rémunérés et difficiles sont en général plus genrés, sans pour autant qu'on puisse véritablement établir si une situation est meilleure qu'une autre. L'argument me semble difficile à soutenir.
Pour le reste, je ne vois pas de désaccord entre nous sur les quelques autres constats que tu fais. Ils méritent toutefois d'être discutés à plusieurs titres.
Tout d'abord, j'observe que rien dans nos institutions ne vient encourager une situation d'inégalités salariales, bien au contraire, et que le droit à l'avortement a été constitutionnalisé (ce qui est assez curieux, parce que la Constitution a principalement pour objet d'organiser les institutions, mais je comprends qu'on le fasse pour éviter que quelques fous furieux viennent le remettre en cause).
S'agissant du pouvoir, je note qu'Elisabeth Borne a occupé la fonction de premier ministre pendant un certain temps, que des femmes, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, sont à la tête des deux plus riches collectivités territoriales de France, à savoir Paris et l'Ile de France, portée par des électorats très différents, et que Marine Le Pen est à la tête du parti qui recueille en France le plus de voix.
C'est un sujet intéressant d'ailleurs - et dont on parle trop peu souvent : qui veut vraiment du pouvoir, de la responsabilité qui va avec, et de la haine qu'il suscite ?
Enfin, j'ai, vaguement, l'impression que (presque) plus personne n'écoute les prêtres en chaire (s'il en reste), et qu'il est peut-être excessif de faire des généralisations en leur prêtant certaines paroles - il m'arrive d'aller quelque fois à la messe, et je ne crois pas avoir jamais entendu quelque chose de relatif à l'usage du corps féminin (Il est vrai que je ne vais pas à Saint Nicolas du Chardonnet, pas plus qu'à une mosquée salafiste).
S'agissant des hommes politiques, je te laisse me dire à quelle personnalité significative tu fais allusion.