C'est un très bon endroit pour en parler

, les questions d'appropriation culturelle ou le sentiment d'injustice qu'elles peuvent provoquer entrant complètement dans la question de l'inclusivité.
Pour ma part je suis embêté sur deux aspects théoriques et un pratique (la pratique dont je vais discuter ne couvrant pas que la question "culturelle").
Sur la théorie, est-ce qu'on pourrait dire qu'écrire, pour un auteur donné, un livre de jeux de rôles qui s'inspire d'une culture donnée, relève de l'appropriation culturelle (ou peut générer des sentiments, chez les ressortissants de cette culture, qui en relèvent), si le pays de l'auteur a occupé pendant des décennies le pays qui est à l'origine de cette culture ?
Et est-ce qu'en jouant à ce jeu je me fais complice de cette appropriation culturelle ?
Spontanément, je dirais que toutes les cultures humaines appartiennent à l'espèce humaine (en témoignent les classifications de patrimoine culturel de l'humanité) mais est-ce que je dis ça juste parce que ça m'évite de questionner ma propre pratique ?
Ou alors peut-on considérer que la culture (au hasard, pour le plaisir de l'énoncé, disons pour l'exemple, japonaise

) imprègne si fortement la culture occidentale depuis un siècle et demi minimum (on me dit dans l'oreillette que ça remonterait plutôt au XVII°) qu'on peu considérer les deux cultures comme "égales" et qu'on peut piocher dans l'une en sachant pertinemment que les Japonais n'hésitent pas à piocher dans la nôtre ni à exporter leurs ouvrages d'art (je pense au manga, évidemment, et notamment
Aux gouttes de Dieu)
Le deuxième souci que ça m'inspire c'est que si certaines cultures sont réputées "égales" et s'insprent mutuellement si fortement qu'il n'y a pas lieu de parler d'AP, est-ce que ça veut dire que d'autres sont "inégales" (lesquelles ? sur quels critères ?) et devraient bénéficier d'une protection particulière (conceptualisée par qui et mise en oeuvre comment ?).
Ce qui m'embête c'est que déclarer une culture protégeable, ça fleure le paternalisme... très très fort.
Quelles sont les limites entre "vous attentez à ma culture" et "vous attentez à ma religion" (je pense aux histoires de chamanisme mais vous voyez évidement le glissement vers des histoires de caricatures).
Bon, ça c'était la théorie.
En pratique, ces histoires de sensitivity readers et autres restrictions de droit de traduction me font fortement penser à des enjeux professionnels, à du positionnement comme prestataires de service et à un chantage à l'emploi de type "si vous ne prenez pas de sensitivity readers, genre moi, je vous ferai une campagne de shaming" ce qui interroge immédiatement sur la légitimité de l'intention... est-ce une histoire de culture opprimée dont il faut éviter de blesser les représentants actuels (c'est bien naturel) ou de lobbying personnel ? Quelles cultures nécessitent des s.readers (celles qui gueulent le plus fort ?) ? Recrutés sur quels critères ? (la couleur de peau, est-ce une qualification ?)
La problémtique du discours qui se rapproche, ou qui peut être perçu comme "vous devez me faire travailler par... droit de naissance" s'est rappelé à mon souvenir dans cette phrase :
Proposer une licence de partage du contenu favorable aux Autochtones.
Qui revient à ce que des personnes* aient des droits commerciaux différents selon leur naissance.
* ici, natives nord-américaines. Question QRDL : ton scénario tu le traduis en anglais ?
Ce qui me paraît :
- constituer un avantage indu
- constituer un avantage indu, certes, mais adressé à des gens qui ne liront jamais ce scénario (càd qu'il n'aura aucune effectivité)
- pouvoir blesser tous les non-destinataires de cet avantage qui me semblent constituer l'essentiel de ton lectorat.
Le mieux est l'ennemi du bien ?
La première chose, c'est d'être conscient des effets du colonialisme sur les dominés, les dominants (nous), la seconde de le reconnaitre,
Comme pour beaucoup de choses je suis partisan de laisser les Américains gérer leur Histoire. En France on a une Histoire remplie d'esclavage et de colonisation en Afrique, mais pas de massacre de natifs nord-américains (forcément on s'en servait contre les Anglais

) et je ne me sens pas solidaire du système de réserves indiennes.
D'ailleurs il y a assez peu de jeux sur l'Afrique, un oubli à réparer (avec doigté, parce que là on a des choses à se reprocher, et d'ailleurs on nous les reproche) ?