WeirdWolf a écrit :J'ai du mal à comprendre l'OSR: est-ce que c'est un style de jeu à base de rétroclones dongeonnesques et d'instant rules ou une sorte de religion imposant un code de conduite très strict, un mode de jeu austère et arbitraire, l'acceptation et l'application de dogmes, etc?
Si le but était de revenir à un style de jeu moins pesant et plus spontané "comme à l'origine", c'est en train de dévier je crois. En cas de doute, plutôt que consulter les Patriarches et le Canon, lancez un d6: de 1 à 3 c'est OSR, de 4 à 6 ça ne l'est pas. Toute décision off-game doit se prendre en 10 secondes pour ne pas casser le rythme, ça c'est OSR
L'OSR n'est ni un canon ni une religion, c'est un travail d'archéologie et de reconstruction.
Et en plus, on ne peut peut évidemment pas le résumer à
une philosophie ou à
un mécanisme. Le but n'est pas
forcément de revenir à un style de jeu moins pesant et plus spontané, même si c'est ce qui se passe dans la plupart des cas.
Le jeu de rôle, comme la plupart des activités humaines, a évolué au cours du temps, et souvent sans même y penser ou s'en rendre compte. On invente une règle cool, on se débarrasse d'une façon de faire absurde, on découvre des façons plus intéressantes de raconter des histoires ou de challenger les joueurs. Et on fabrique les jeux qui systématisent tout ça. Et 20 ans plus tard, on ne pratique plus tout à fait la même activité, même si elle s'appelle toujours, et à raison, jeu de rôle.
D'ailleurs, ceux qui sont arrivés plus récemment dans le loisir n'ont même pas conscience qu'il y avait un jeu de rôle d'avant, qui n'était pas seulement moins évolué et plus maladroit, mais aussi carrément différent sur certains points.
(attention, début du récit fictif ; c'est juste une figure de style)
Et puis un jour, un pratiquant moderne rencontre un pratiquant fossilisé qui joue encore comme il y a très longtemps. Et il lui dit : "mais qu'est-ce que tu fais, ça fait longtemps qu'on ne joue plus comme ça ; pourquoi tu persistes". Et le vétéran de lui répondre "ben, je sais pas ; à l'époque je me foutais un peu des innovations et j'ai dû rater le train de la modernité ; mais c'est pas grave on s'amuse bien". Évidemment, à ce stade, on risque la réponse chaviresque : "quoi !? tu t'amuses avec ça ? pauvre fou, âme égarée, laisse-moi appeler les secours..."
Mais parfois, les deux gars acceptent de se parler et le moderne se rend compte que oui, le JdR a évolué globalement vers du mieux, mais que se faisant, il a aussi changé de nature. Et qu'avec l'eau du bain de ses faiblesses et archaïsmes de jeunesse, on a aussi parfois jeté le bébé d'anciennes façons de jouer qui étaient juste des propositions différentes.
D'où la tentation de réessayer le JdR comme avant, pour voir si on peut encore s'amuser avec les propositions d'alors. Quitte à réinventer certains détails pour ne pas devoir se coltiner les aspects les plus insupportables du JdR à papy. Encore que, la détermination de ce qui est pourri puisse varier d'une personne à l'autre en fonction des goûts.
Et la réponse (qui n'est pas universelle, mais dépend des goûts et de la personnalité de chacun) est que, oui, finalement on peut s'amuser avec les façons de faire de "l'ancien temps". S'ensuit la tentation de formaliser tout ça par un mouvement d'Old-School Renaissance (ou Old-School Revival) pour faire partager ses découvertes archéologiques.
Bref, l'OSR ne prétend par corriger des défauts du JdR actuel ou revenir à un age d'or oublié (du moins il ne devrait pas le faire). L'OSR prétend juste remettre au goût du jour des façons de jouer au JdR qui ont leurs mérites propres, qui ne plairont pas à tout le monde mais qui plairont à certains. Et accessoirement, de proposer des règles et des outils qui permettraient d'expérimenter les anciennes formes du JdR sans devoir forcément se coltiner tous les archaïsmes pesants qui pourraient nous rebuter.
Dernier point : comme la définition de ce qu'est un archaïsme pesant varie d'un archéologue à l'autre, on se retrouve avec 36.000 propositions de jeux OSR à peine différents les uns des autres, c'est la jungle.
