L’ESPACE DE LA REVELATION
Alastair Reynolds
Je ne connaissais pas Alastair Reynolds avant ce livre. Vu la difficulté (relative) que j’ai eu à le trouver, je pensais qu’il s’agissait d’un auteur des années 70-80. Le trouvant assez précurseur sur certains thèmes, j’ai tenu à vérifier la date de publication (en vf) : 2002. Un livre donc bien moins ancien que je ne pouvais le penser. J'ai été attiré par ce roman en ce qu'il est présenté comme un roman sur les mystères oubliés d'autres civilisations. J'ai peu de doutes sur le fait qu'il ait pu, par exemple, inspirer les auteurs de Mass Effect. Pour ma part, je recherchais quelque chose qui puisse me permettre de mieux cerner le concept des Annunakis de Fading Suns.
Sylveste est le dirigeant d’une colonie humaine sur une planète pauvre et perdue, sur laquelle il a découvert des traces d’une civilisation non humaine disparue il y a un million d’années. La colonie est dans une situation politique complexe : une partie des colons a fait sécession pour retourner sur leur planète d’origine, avec le seul vaisseau spatial de la colonie. Parmi ceux qui sont restés se trouvent deux camps : ceux qui veulent continuer à explorer les ressources archéologiques de la planète et ceux qui veulent accélérer la terraformation au risque de détruire les traces du passé et, subséquemment, l’énigme de la disparition subite de cette civilisation. Dans le gobe Lumen Spleen, Volyova est l’ingénieure en chef du vaisseau et utilise ses temps libres hors cryosomnie à trouver un moyen de guérir le Capitaine, conservée dans une cuve dans un environnement extrêmement froid pour tenter de contenir la peste qui l’a contaminée. Le Capitaine, Volyova et les deux autres membres du triumvirat qui gèrent le gobe lumen en l’absence du Capitaine, sont des Ultras, des humains modifiés, composés de plus de machines que d’organisme vivant. Et ces ultras sont, comme le vaisseau, sujet au risque de la peste, une maladie qui affecte les artefacts technologiques en les contraignant à se multiplier et à se déformer. Volyova est responsable du poste de tir et, donc, du membre du personnel qui y est affecté, Nagorny, qui semble sombrer dans la folie : il cherche à se protéger et craint le Voleur de soleil, une entité bien nébuleuse pour l’Ultra. Khouri est une soldate de Bout du Ciel qui, blessée sur le champ de bataille, a été envoyée par erreur dans le système de Yellowstone. Eloigné de son mari, qui combattait avec elle, elle survit en participant au Jeu en tant qu’assassin, ce qui attire sur elle l’attention de la Demoiselle, une personne étrange, modifiée qui vit dans un sarcophage pour éviter d’être contaminée par la peste qui a fait des ravages sur les villes (auto réparatrices) de Yellowstone.
Roman choral et transhumaniste (un des personnages est le père de Sylveste, Calvin, ou plus exactement sa simulation béta, une simulation non complète), l’Espace de la révélation donne une bonne vision de ce que peut être le space opera post cyberpunk, avec une richesse d’imagination particulière. Le roman n’est pas centré sur les vaisseaux spatiaux, les affrontements physiques et les explosions, même s’il y en a, mais s’interroge sur l’idée d’une galaxie qui a existé avant que les hommes ne quittent leur boulle de glaise pour découvrir les étoiles et donne sa vision du paradoxe de Fermi. J’ai beaucoup aimé l’inventivité, le moteur du roman (comprendre une société qui s’est éteinte bien avant que ne naissent les hommes), la façon dont les personnages mènent leur chemin, font face à leurs difficultés, font des choix. Je suis un peu déçu par la fin, qui est très positive, sans coût réel pour les différents protagonistes. Au vu de ce qui a été développé tout au long du roman, je suis un peu déçu du happy end final qui permet, certes, de tout expliquer, mais au détriment de la narration, pourtant bonne du reste du roman.